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Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)
12 juin 2013

Tu sais que tu me saoules, toi...

Ca se passe le 12 juin 2013 à l'agence auto-école. Je suis assis sur le confortable siège face au bureau et vaque aux diverses occupations administratives que ma fonction m'oblige à accomplir ; je glandouille, quoi... mais pas pour longtemps car une élève, presque trentenaire je crois, entre.

  • Bonjour Eric ! (elle me connaît, c'est moi qui étais assis derrière le jour où elle passa l'examen de conduite la première fois)

  • Bonjour Cruella ! (j'ai choisi de la nommer ainsi pour respecter l'anonymat... mais je préfère largement Cruella...)

  • Ca va ?

  • Ca va et toi ?

  • Oui, bah en fait j'ai un problème pour demain !

  • Je t'invite à me narrer précisément la cause de tes tourments et nous trouverons certainement une solution à ton problème afin que tu retrouves la paix intérieure, état propice à l'harmonie dont tu sembles momentanément t'être éloignée. (bon, en fait, je n'ai pas dit vraiment ça)... Quoi, qu'est-ce t'as ?

  • Eh bien, je devais venir demain à Pont [l'agence de Pont-de-beauvoisin ; nous en avons plusieurs] pour huit heures mais en fait, personne ne peut m'emmener !

  • C'est fâcheux ! (ça, je le dis couramment)

  • Bah oui, en fait on ne peut pas m'emmener et je voulais savoir si ton collègue pouvait venir me chercher ?

  • Chez toi ?! Mais ça fait un sacré détour !

  • Bah oui mais on devait aller à plusieurs à Chambéry dans sa voiture pour préparer le permis que je passe le vingt-et-un juin mais là, vraiment, je ne peux pas !

A ce moment-là, je sens déjà qu'elle m'agace quelque peu. Deux options s'offrent à moi : je me laisse envahir par le côté obscur et la crame sur place en lui envoyant la foudre par le bout de mes doigts ou je choisis la dérision... au moins un peu... comme exutoire par exemple.

  • On ne peut vraiment pas t'emmener ? T'as pas un oncle, une tante, un cousin, un grand-père qui pourrait le faire ? Essayais-je alors.

  • Non, vraiment personne, ma famille n'est pas dans le coin.

  • Tu sais Cruella, on rend service quand on peut mais on n'est pas non plus une société de taxis !

  • Oui je sais mais je suis vraiment bloquée !

  • Et en plus, c'est pour demain !

  • Oui, je m'excuse.

Elle s'excuse à elle-même, pourquoi pas ? Je décide que je n'ai pas envie de l'aider. Cependant, je ne sais pas si mon collègue passe dans le coin chercher un autre élève et, si elle l'apprenait par la suite, j'aurais commis une faute de discrimination. Je décide d'appeler ma collègue de Pont afin de m'informer sur ce point. La réponse est négative ! Ouf, j'ai eu peur qu'elle me dise oui ! Je fais semblant ensuite de rechercher une solution ; j'écris « semblant » car, je la connais un peu et elle est du genre « moi d'abord, les autres s'il en reste » ; ce que me confirmera plus tard ma collègue d'ailleurs. Je lui transmets la réponse négative et elle m'interpelle alors :

  • Bah, comment on fait ? En plus, j'ai appris qu'on serait trois dans la voiture et qu'on conduit chacun deux heures, c'est ça ?

  • Oui, c'est exact. Il est vrai que c'est long mais il faut se donner les moyens pour réussir son examen, ça ne sera qu'une journée dans ta vie. En plus, en voyant ce que font les autres, tu apprends aussi, c'est un peu comme des heures gratuites ! Finalement, n'est-ce pas merveilleux ?! Lançais-je ironiquement.

Elle ne semble pas partager mon point de vue si j'en crois le peu de lumière qui n'illumine pas ses yeux. Elle charge à nouveau :

  • Ah mais moi, je vais pas supporter ça ! Tout ce temps en voiture ! Je vais fatiguer !

  • Mais non, Cruella, tu es jeune, ça va être sympa !

  • En plus, faut que je rentre le midi faire à manger à mon mari !

Etonnement soudain. 

  • Comment ça, il est invalide ? M'inquiétais-je !

  • Non, mais il sait pas se faire à manger !

  • Bah, tu sais... comment t'expliquer, les pâtes, c'est trois minutes dans l'eau bouillante et hop. En plus, ils font des sauces toutes prêtes, je t'assure que c'est bon !

  • Ah mais Eric, tu le connais pas ! Il sait rien faire et chez nous, c'est la femme qui fait à manger !

  • Même pas un plat à réchauffer ? Tentais-je

  • Ah mais vraiment pas, si je lui dis ça, il va me dire de ne pas passer le permis [et le meilleur ] mais je ne suis pas une femme soumise, tu sais !

Bon, le mari, ça va pas être possible, essayons autre chose. Voyons... Ah, pas pour le moment, les élèves sortent de la salle de code, ils positionnent leurs boitiers sur un réceptacle électronique relié à l'ordinateur qui centralise tous leurs résultats. Ceux-ci s'affichent sur l'écran, je leur dis le nombre de fautes au passage même s'ils le savent déjà .

  • 33/40 ! Pas mal ! Lançais-je alors !

  • Comment ça « pas mal », c'est « bien » oui ! Me lança agressivement une jeune élève sans doute vexée par mon propos peu élogieux à son encontre. Pour l'examen du code, ça ne suffira pas, pensai-je alors.

J'entends la correction automatique qui se met en route sur le lecteur DVD de la salle attenante, je n'ai pas vu l'heure, je pensais qu'ils l'avaient suivie. Je me permets de me faire accorder par Cruella quelques minutes pour aller les chercher dans la rue dans le but les inviter à suivre le corrigé avant que je n'arrive pour le faire. Ils me répondent dans un dialecte que je ne connais pas, le « jeune's » sans doute. En gros, ça veut un peu dire « ton corrigé, tu peux te le foutre où je pense ». Je les invite encore argumentant que c'est en comprenant la correction qu'on progresse. Hélas, coup d'épée dans l'eau, Chewbacca et ses frères ont désormais les têtes qui fument ; davantage par le tabac que par le frottement de leurs neurones qui refroidissent doucement après l'exercice. Je n'ai pas le droit de les attraper par la peau du c**, pourtant, ce serait facile, les caleçons des garçons sont bien visibles !

  • Bon, reprenons Cruella, navré pour cet intermède, écoute, je vois pas, j'ai pas de solution, je te sens pas très flexible, on t'avait proposé cela pour que tu le passes plus tôt car les inspecteurs ne sont que 1400 pour tout le territoire et j'ai le sentiment, peut-être excessif, qu'il n'y a que moi qui essaie de trouver un arrangement.

  • Mais pourquoi je ne le passe pas aux Abrets ?

  • Parce que là, tu le passais plus tôt. (je ne sais pas si c'est vrai mais d'autres clients attendent et je suis seul). En plus, tu étais d'accord !

  • Oui, mais bon.

  • Et ta mère, elle conduit, elle ne peut pas t'emmener ?

  • Non, mon père est sorti hier de l'hôpital et elle doit rester tout le temps à côté, il ne peut pas bouger.

  • Elle peut pas le laisser une heure dans son lit ou devant la télé ou avec un bouquin et elle, faire l'aller-retour avec toi ?

  • OOOOHHHHH, mais tu te rends pas compte, elle devrait s'absenter une heure !!!!!

Je pris alors l'air grave et horrifié :

  • MOOONNN Dieu, je n'avais pas réalisé !!!!

  • Tu ne veux pas appeler ton patron ?

  • Ecoute, je l'appelle et je te rappelle ensuite [elle doit partir] mais je suis certain qu'il n'y aura pas de solution [car j'y veillerai !!! Ah Ah Ah !!!!]

Elle s'en va. Enfin ! Je rappelle les élèves dehors que j'entends se marrer à gorges déployées sur le trottoir. Je me dirige vers eux.

  • Hey, Monsieur, attendez, regardez, là-bas, le gars, il est bourré sur sa moto, il arrête pas de tomber !!!! Me dit l'un d'entre eux plié de rire.

Je regarde. Effectivement, un homme zigzague sur sa moto. Je les invite à revenir car je n'attends pas pour la deuxième série de questions. Ils m'invitent à leur tour à attendre que le triste spectacle se termine. Je leurs réponds que non car d'autres attendent aussi en salle que ça démarre. Je les préviens un peu agacé que je vais lancer le début de la série. Ils me répondent « mouah mouah mouah » en regardant l'individu ivre, maintenant sur le trottoir avec sa machine, semblant chercher la route contre le mur qui lui fait front. Tant pis, pas de bras, pas de chocolat, je débute la série. Ils entrent à la question 3 et, étrangement s'installent relativement en silence et ne contestent pas ma décision.

 

En rentrant, Sandra me raconte que des parents d'élèves lui ont demandée de rattraper un examen de solfège que leur enfant, avait loupé car ils étaient en vacances !

 

MAIS C'EST QUOI CE MONDE ???!!!

 

Je crois que je ne suis pas ou plus fait pour l'enseignement, je crois que je n'aime plus, ou de moins en moins, le genre humain. Je cherche une grotte, si quelqu'un connaît...

 

 

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Commentaires
Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)
  • ...mais au-delà du titre, moniteur auto-école, c'est aussi sentir de trop près un poids lourd, recevoir la promesse de l'ultime combat, juger que, finalement on supporte plutôt bien la comparaison. C'est aussi rencontrer pour souvent s'émerveiller...
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