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Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)
9 juin 2013

Je pète les plombs !!!

Journée de merde. Aujourd'hui, le 31 mai 2013 : journée de merde.

 

   C'est sombre, sans quelconque lueur dans un petit coin qui se découvre et qu'on apercevrait tardivement. Pas vaste comme un verger où des arbres colorées offrent leurs généreux fruits sucrés mais étroit, acide comme la moisissure d'une poire ; une poire parce que ça me va bien, qui picote sur la langue qui s'en défend. C'est le crissement de la craie blanche que l'on traine lentement sur le tableau vert d'une époque surannée et qui fait frissonner la peau. C'est l'abandon, la solitude, non celle du cénobite qui en fait son temple pour accueillir Dieu mais celle, plus pesante et plus froide d'une salle d'opération où le moribond attend l'espoir.

« - Ras-le-bol aujourd'hui ! - Ecris ! m'a dit Sandra » quand je suis arrivé chez moi et avant qu'elle ne reparte. C'est ce que je fais.

Je n'ai pas osé me battre parce que je n'ai pas été frappé, je n'ai pas osé courir car j'étais enfermé. Et pourtant...

 

Ca se passe sur une route étroite de campagne près de Pressins. Nous roulons lentement car mon élève est débutante, elle apprend à passer les vitesses sans nous secouer. Elle y parvient de manière sporadique et je ne peux m'en contenter. Notre engin noir approche d'un virage ; un mur de maison sur notre droite, nous serrons mais pas trop. Soudainement, une fusée, une fusée ça devait être ça, apparaît, d'un seul trait de crayon sur ce tableau paisible, comme un miroir captant enfin un rayon de soleil que les enfants goguenards aiment rediriger dans les yeux des badauds ou d'une grand-mère assise, encore un peu endormie qui s'en débat désormais comme on chasse un insecte. Pas le temps d'élaborer une rapide stratégie d'évitement, tout juste celui de tirer le volant plus à droite encore. « Ca ne passera pas, nous serrons déjà à droite, ça va cogner, ce sera le mur ou la fusée, c'est sûr ! » Je choisis le mur car les vitesses des deux véhicules ne s'additionneront pas avec cette alternative. Je ferme les yeux. Et puis rien, l'événement ne se produit pas. Pourtant, on devait cogner, ce n'est pas possible, j'ai tiré le volant. Dans mon rétro, j'aperçois au loin l'engin d'une de mes plus grosses peurs. Mon élève semble choquée, je le suis encore plus. Envie de faire demi-tour, de le rattraper, de lui casser sa gueule à ce con, à ce meurtrier. Je vais le faire, je vais prendre toutes les commandes, pas le temps de changer de place, je vais vraiment aller lui péter la tronche ! Et puis rien. Pourquoi ? La raison ? Certainement. Le manque de courage ? Pardon, certainement pas ! Je lui vomis ma colère et j'espère qu'il la reçoit ! « Fais donc demi-tour pour voir ! Je crois que je suis prêt à te tuer ! »

 

Ca se passe maintenant dans le centre de Pont de Beauvoisin. C'est l'après-midi, ça circule comme on dit. Les trottoirs sont étroits ; quelques badauds. Une voiture devant, une autre derrière. Nous roulons au pas. Tout à coup, je jette mes pieds sur les pédales et appuie de toute mes forces dessus. Notre petite Peugeot penche fortement vers l'avant tandis que l'arrière se soulève ; l'élève et moi sommes violemment chahutés. Elle stoppe net. Nos corps ont repris leurs places et j'explose ma colère en fusillant du regard le jeune adolescent qui remonte maintenant sur le trottoir. Je l'insulte mais ma fenêtre fermée atténue le ton de mes propos haineux. Il me regarde aussi en insistant. Je garde le frein appuyé car je pense que je vais sortir pour lui administrer la royale claque de sa vie à ce p'tit con ! « Si tu baisses pas les yeux, j'te jure que je descends, abruti ! » Il les baisse. Dommage. Je lâche le frein, la voiture redescend, nous repartons tranquillement mais intérieurement, je n'en peux plus, je ne me contiens plus, je pète les plombs comme le dit l'élève. J'EN AI MARRE DE CES CONNARDS ! On dira que c'est pour la rime. Je viens de lui sauver la vie à ce merdeux et il me jette des éclairs avec ses yeux d'ado endormi ! " P'tit con, va ! " Car j'en ai vraiment marre, ras-le-bol ; le gros ras-le-bol, celui qui va bientôt faire que je vais laisser la voiture sur place en claquant la porte ! MARRE MARRE MAAAAAAAAAAARRE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Jamais deux sans trois dit-on. Ce sera un peu plus loin, dans le temps et dans l'espace où nous serons victimes d'un insultant refus de priorité. Pas de regard, pas de ralentissement, nous n'existons pas. Rien. « Je paie la route dans mes impôts, elle m'appartient », ça doit être ça qu'il pense le vieux, avec sa vieille ! Et puis là, bizarrement, j'en rigole mais avec l'envie toujours présente d'ailleurs, de pleurer. Je ne sais pas pourquoi, je ne peux l'expliquer. Je sens que c'est trop, que je ne gère plus. La colère revient et je donne un violent coup de poing sur l'intérieur porte. « Ouf, elle n'a rien ! ». Loin de moi la compassion à ce moment-là. « Eric, tu n'es pas un saint, t'es qu'un vulgaire être humain et rappelle-toi que tu as défoncé une barrière de péage un jour ! Et oui, tu ne vaux pas mieux ! » Colère, haine, rage, ça y est, j'ai basculé du côté obscur ! Envie de courir loin, fort...

RAS-LE-BOOOOOOOOOOOOOOL !

 

Et puis, plus tôt dans la journée, ce fut un micro-sommeil, je pensais pourtant que j'avais réglé le problème avec cette machine de merde qui parfois fuit la nuit pour me souffler son air froid dans la tronche ! « P'tite conne !!!!!! »

 

Ce soir, après ma douche que je déversais brûlante sur mon corps souillé par les insultes de cette journée de merde, je fermais les volets de ma chambre laquelle s'assombrissait progressivement. Avant de complètement rendre obscure cette petite pièce, je jette un oeil sur ma voiture qui fait sa plante la nuit et le week-end dans mon jardin. Les 208 ont une calandre chromée en forme de bouche et on dirait qu'elle sourit tout le temps, comme ça, bêtement, benoîtement, elle est toujours contente d'être heureuse celle-là, même quand elle dort ! « P'tite conne, va ! ».  

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Commentaires
Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)
  • ...mais au-delà du titre, moniteur auto-école, c'est aussi sentir de trop près un poids lourd, recevoir la promesse de l'ultime combat, juger que, finalement on supporte plutôt bien la comparaison. C'est aussi rencontrer pour souvent s'émerveiller...
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