Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)

4 août 2013

Vous voyez qu'ils ont de l'humour la madame et le

Vous voyez qu'ils ont de l'humour la madame et le monsieur du code !
946684900080

Publicité
Publicité
4 août 2013

...ou encore celle-là !

946684912426  ...ou encore celle-là !

12 juin 2013

Tu sais que tu me saoules, toi...

Ca se passe le 12 juin 2013 à l'agence auto-école. Je suis assis sur le confortable siège face au bureau et vaque aux diverses occupations administratives que ma fonction m'oblige à accomplir ; je glandouille, quoi... mais pas pour longtemps car une élève, presque trentenaire je crois, entre.

  • Bonjour Eric ! (elle me connaît, c'est moi qui étais assis derrière le jour où elle passa l'examen de conduite la première fois)

  • Bonjour Cruella ! (j'ai choisi de la nommer ainsi pour respecter l'anonymat... mais je préfère largement Cruella...)

  • Ca va ?

  • Ca va et toi ?

  • Oui, bah en fait j'ai un problème pour demain !

  • Je t'invite à me narrer précisément la cause de tes tourments et nous trouverons certainement une solution à ton problème afin que tu retrouves la paix intérieure, état propice à l'harmonie dont tu sembles momentanément t'être éloignée. (bon, en fait, je n'ai pas dit vraiment ça)... Quoi, qu'est-ce t'as ?

  • Eh bien, je devais venir demain à Pont [l'agence de Pont-de-beauvoisin ; nous en avons plusieurs] pour huit heures mais en fait, personne ne peut m'emmener !

  • C'est fâcheux ! (ça, je le dis couramment)

  • Bah oui, en fait on ne peut pas m'emmener et je voulais savoir si ton collègue pouvait venir me chercher ?

  • Chez toi ?! Mais ça fait un sacré détour !

  • Bah oui mais on devait aller à plusieurs à Chambéry dans sa voiture pour préparer le permis que je passe le vingt-et-un juin mais là, vraiment, je ne peux pas !

A ce moment-là, je sens déjà qu'elle m'agace quelque peu. Deux options s'offrent à moi : je me laisse envahir par le côté obscur et la crame sur place en lui envoyant la foudre par le bout de mes doigts ou je choisis la dérision... au moins un peu... comme exutoire par exemple.

  • On ne peut vraiment pas t'emmener ? T'as pas un oncle, une tante, un cousin, un grand-père qui pourrait le faire ? Essayais-je alors.

  • Non, vraiment personne, ma famille n'est pas dans le coin.

  • Tu sais Cruella, on rend service quand on peut mais on n'est pas non plus une société de taxis !

  • Oui je sais mais je suis vraiment bloquée !

  • Et en plus, c'est pour demain !

  • Oui, je m'excuse.

Elle s'excuse à elle-même, pourquoi pas ? Je décide que je n'ai pas envie de l'aider. Cependant, je ne sais pas si mon collègue passe dans le coin chercher un autre élève et, si elle l'apprenait par la suite, j'aurais commis une faute de discrimination. Je décide d'appeler ma collègue de Pont afin de m'informer sur ce point. La réponse est négative ! Ouf, j'ai eu peur qu'elle me dise oui ! Je fais semblant ensuite de rechercher une solution ; j'écris « semblant » car, je la connais un peu et elle est du genre « moi d'abord, les autres s'il en reste » ; ce que me confirmera plus tard ma collègue d'ailleurs. Je lui transmets la réponse négative et elle m'interpelle alors :

  • Bah, comment on fait ? En plus, j'ai appris qu'on serait trois dans la voiture et qu'on conduit chacun deux heures, c'est ça ?

  • Oui, c'est exact. Il est vrai que c'est long mais il faut se donner les moyens pour réussir son examen, ça ne sera qu'une journée dans ta vie. En plus, en voyant ce que font les autres, tu apprends aussi, c'est un peu comme des heures gratuites ! Finalement, n'est-ce pas merveilleux ?! Lançais-je ironiquement.

Elle ne semble pas partager mon point de vue si j'en crois le peu de lumière qui n'illumine pas ses yeux. Elle charge à nouveau :

  • Ah mais moi, je vais pas supporter ça ! Tout ce temps en voiture ! Je vais fatiguer !

  • Mais non, Cruella, tu es jeune, ça va être sympa !

  • En plus, faut que je rentre le midi faire à manger à mon mari !

Etonnement soudain. 

  • Comment ça, il est invalide ? M'inquiétais-je !

  • Non, mais il sait pas se faire à manger !

  • Bah, tu sais... comment t'expliquer, les pâtes, c'est trois minutes dans l'eau bouillante et hop. En plus, ils font des sauces toutes prêtes, je t'assure que c'est bon !

  • Ah mais Eric, tu le connais pas ! Il sait rien faire et chez nous, c'est la femme qui fait à manger !

  • Même pas un plat à réchauffer ? Tentais-je

  • Ah mais vraiment pas, si je lui dis ça, il va me dire de ne pas passer le permis [et le meilleur ] mais je ne suis pas une femme soumise, tu sais !

Bon, le mari, ça va pas être possible, essayons autre chose. Voyons... Ah, pas pour le moment, les élèves sortent de la salle de code, ils positionnent leurs boitiers sur un réceptacle électronique relié à l'ordinateur qui centralise tous leurs résultats. Ceux-ci s'affichent sur l'écran, je leur dis le nombre de fautes au passage même s'ils le savent déjà .

  • 33/40 ! Pas mal ! Lançais-je alors !

  • Comment ça « pas mal », c'est « bien » oui ! Me lança agressivement une jeune élève sans doute vexée par mon propos peu élogieux à son encontre. Pour l'examen du code, ça ne suffira pas, pensai-je alors.

J'entends la correction automatique qui se met en route sur le lecteur DVD de la salle attenante, je n'ai pas vu l'heure, je pensais qu'ils l'avaient suivie. Je me permets de me faire accorder par Cruella quelques minutes pour aller les chercher dans la rue dans le but les inviter à suivre le corrigé avant que je n'arrive pour le faire. Ils me répondent dans un dialecte que je ne connais pas, le « jeune's » sans doute. En gros, ça veut un peu dire « ton corrigé, tu peux te le foutre où je pense ». Je les invite encore argumentant que c'est en comprenant la correction qu'on progresse. Hélas, coup d'épée dans l'eau, Chewbacca et ses frères ont désormais les têtes qui fument ; davantage par le tabac que par le frottement de leurs neurones qui refroidissent doucement après l'exercice. Je n'ai pas le droit de les attraper par la peau du c**, pourtant, ce serait facile, les caleçons des garçons sont bien visibles !

  • Bon, reprenons Cruella, navré pour cet intermède, écoute, je vois pas, j'ai pas de solution, je te sens pas très flexible, on t'avait proposé cela pour que tu le passes plus tôt car les inspecteurs ne sont que 1400 pour tout le territoire et j'ai le sentiment, peut-être excessif, qu'il n'y a que moi qui essaie de trouver un arrangement.

  • Mais pourquoi je ne le passe pas aux Abrets ?

  • Parce que là, tu le passais plus tôt. (je ne sais pas si c'est vrai mais d'autres clients attendent et je suis seul). En plus, tu étais d'accord !

  • Oui, mais bon.

  • Et ta mère, elle conduit, elle ne peut pas t'emmener ?

  • Non, mon père est sorti hier de l'hôpital et elle doit rester tout le temps à côté, il ne peut pas bouger.

  • Elle peut pas le laisser une heure dans son lit ou devant la télé ou avec un bouquin et elle, faire l'aller-retour avec toi ?

  • OOOOHHHHH, mais tu te rends pas compte, elle devrait s'absenter une heure !!!!!

Je pris alors l'air grave et horrifié :

  • MOOONNN Dieu, je n'avais pas réalisé !!!!

  • Tu ne veux pas appeler ton patron ?

  • Ecoute, je l'appelle et je te rappelle ensuite [elle doit partir] mais je suis certain qu'il n'y aura pas de solution [car j'y veillerai !!! Ah Ah Ah !!!!]

Elle s'en va. Enfin ! Je rappelle les élèves dehors que j'entends se marrer à gorges déployées sur le trottoir. Je me dirige vers eux.

  • Hey, Monsieur, attendez, regardez, là-bas, le gars, il est bourré sur sa moto, il arrête pas de tomber !!!! Me dit l'un d'entre eux plié de rire.

Je regarde. Effectivement, un homme zigzague sur sa moto. Je les invite à revenir car je n'attends pas pour la deuxième série de questions. Ils m'invitent à leur tour à attendre que le triste spectacle se termine. Je leurs réponds que non car d'autres attendent aussi en salle que ça démarre. Je les préviens un peu agacé que je vais lancer le début de la série. Ils me répondent « mouah mouah mouah » en regardant l'individu ivre, maintenant sur le trottoir avec sa machine, semblant chercher la route contre le mur qui lui fait front. Tant pis, pas de bras, pas de chocolat, je débute la série. Ils entrent à la question 3 et, étrangement s'installent relativement en silence et ne contestent pas ma décision.

 

En rentrant, Sandra me raconte que des parents d'élèves lui ont demandée de rattraper un examen de solfège que leur enfant, avait loupé car ils étaient en vacances !

 

MAIS C'EST QUOI CE MONDE ???!!!

 

Je crois que je ne suis pas ou plus fait pour l'enseignement, je crois que je n'aime plus, ou de moins en moins, le genre humain. Je cherche une grotte, si quelqu'un connaît...

 

 

9 juin 2013

Je pète les plombs !!!

Journée de merde. Aujourd'hui, le 31 mai 2013 : journée de merde.

 

   C'est sombre, sans quelconque lueur dans un petit coin qui se découvre et qu'on apercevrait tardivement. Pas vaste comme un verger où des arbres colorées offrent leurs généreux fruits sucrés mais étroit, acide comme la moisissure d'une poire ; une poire parce que ça me va bien, qui picote sur la langue qui s'en défend. C'est le crissement de la craie blanche que l'on traine lentement sur le tableau vert d'une époque surannée et qui fait frissonner la peau. C'est l'abandon, la solitude, non celle du cénobite qui en fait son temple pour accueillir Dieu mais celle, plus pesante et plus froide d'une salle d'opération où le moribond attend l'espoir.

« - Ras-le-bol aujourd'hui ! - Ecris ! m'a dit Sandra » quand je suis arrivé chez moi et avant qu'elle ne reparte. C'est ce que je fais.

Je n'ai pas osé me battre parce que je n'ai pas été frappé, je n'ai pas osé courir car j'étais enfermé. Et pourtant...

 

Ca se passe sur une route étroite de campagne près de Pressins. Nous roulons lentement car mon élève est débutante, elle apprend à passer les vitesses sans nous secouer. Elle y parvient de manière sporadique et je ne peux m'en contenter. Notre engin noir approche d'un virage ; un mur de maison sur notre droite, nous serrons mais pas trop. Soudainement, une fusée, une fusée ça devait être ça, apparaît, d'un seul trait de crayon sur ce tableau paisible, comme un miroir captant enfin un rayon de soleil que les enfants goguenards aiment rediriger dans les yeux des badauds ou d'une grand-mère assise, encore un peu endormie qui s'en débat désormais comme on chasse un insecte. Pas le temps d'élaborer une rapide stratégie d'évitement, tout juste celui de tirer le volant plus à droite encore. « Ca ne passera pas, nous serrons déjà à droite, ça va cogner, ce sera le mur ou la fusée, c'est sûr ! » Je choisis le mur car les vitesses des deux véhicules ne s'additionneront pas avec cette alternative. Je ferme les yeux. Et puis rien, l'événement ne se produit pas. Pourtant, on devait cogner, ce n'est pas possible, j'ai tiré le volant. Dans mon rétro, j'aperçois au loin l'engin d'une de mes plus grosses peurs. Mon élève semble choquée, je le suis encore plus. Envie de faire demi-tour, de le rattraper, de lui casser sa gueule à ce con, à ce meurtrier. Je vais le faire, je vais prendre toutes les commandes, pas le temps de changer de place, je vais vraiment aller lui péter la tronche ! Et puis rien. Pourquoi ? La raison ? Certainement. Le manque de courage ? Pardon, certainement pas ! Je lui vomis ma colère et j'espère qu'il la reçoit ! « Fais donc demi-tour pour voir ! Je crois que je suis prêt à te tuer ! »

 

Ca se passe maintenant dans le centre de Pont de Beauvoisin. C'est l'après-midi, ça circule comme on dit. Les trottoirs sont étroits ; quelques badauds. Une voiture devant, une autre derrière. Nous roulons au pas. Tout à coup, je jette mes pieds sur les pédales et appuie de toute mes forces dessus. Notre petite Peugeot penche fortement vers l'avant tandis que l'arrière se soulève ; l'élève et moi sommes violemment chahutés. Elle stoppe net. Nos corps ont repris leurs places et j'explose ma colère en fusillant du regard le jeune adolescent qui remonte maintenant sur le trottoir. Je l'insulte mais ma fenêtre fermée atténue le ton de mes propos haineux. Il me regarde aussi en insistant. Je garde le frein appuyé car je pense que je vais sortir pour lui administrer la royale claque de sa vie à ce p'tit con ! « Si tu baisses pas les yeux, j'te jure que je descends, abruti ! » Il les baisse. Dommage. Je lâche le frein, la voiture redescend, nous repartons tranquillement mais intérieurement, je n'en peux plus, je ne me contiens plus, je pète les plombs comme le dit l'élève. J'EN AI MARRE DE CES CONNARDS ! On dira que c'est pour la rime. Je viens de lui sauver la vie à ce merdeux et il me jette des éclairs avec ses yeux d'ado endormi ! " P'tit con, va ! " Car j'en ai vraiment marre, ras-le-bol ; le gros ras-le-bol, celui qui va bientôt faire que je vais laisser la voiture sur place en claquant la porte ! MARRE MARRE MAAAAAAAAAAARRE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Jamais deux sans trois dit-on. Ce sera un peu plus loin, dans le temps et dans l'espace où nous serons victimes d'un insultant refus de priorité. Pas de regard, pas de ralentissement, nous n'existons pas. Rien. « Je paie la route dans mes impôts, elle m'appartient », ça doit être ça qu'il pense le vieux, avec sa vieille ! Et puis là, bizarrement, j'en rigole mais avec l'envie toujours présente d'ailleurs, de pleurer. Je ne sais pas pourquoi, je ne peux l'expliquer. Je sens que c'est trop, que je ne gère plus. La colère revient et je donne un violent coup de poing sur l'intérieur porte. « Ouf, elle n'a rien ! ». Loin de moi la compassion à ce moment-là. « Eric, tu n'es pas un saint, t'es qu'un vulgaire être humain et rappelle-toi que tu as défoncé une barrière de péage un jour ! Et oui, tu ne vaux pas mieux ! » Colère, haine, rage, ça y est, j'ai basculé du côté obscur ! Envie de courir loin, fort...

RAS-LE-BOOOOOOOOOOOOOOL !

 

Et puis, plus tôt dans la journée, ce fut un micro-sommeil, je pensais pourtant que j'avais réglé le problème avec cette machine de merde qui parfois fuit la nuit pour me souffler son air froid dans la tronche ! « P'tite conne !!!!!! »

 

Ce soir, après ma douche que je déversais brûlante sur mon corps souillé par les insultes de cette journée de merde, je fermais les volets de ma chambre laquelle s'assombrissait progressivement. Avant de complètement rendre obscure cette petite pièce, je jette un oeil sur ma voiture qui fait sa plante la nuit et le week-end dans mon jardin. Les 208 ont une calandre chromée en forme de bouche et on dirait qu'elle sourit tout le temps, comme ça, bêtement, benoîtement, elle est toujours contente d'être heureuse celle-là, même quand elle dort ! « P'tite conne, va ! ».  

11 septembre 2012

La bêtise, c'est comme pour le téléphone, y en a qui ont des forfaits illimités

Un après-midi de juillet 2012,

 

   Il fait plutôt beau en ce début d'après-midi, l'ordinateur de bord indique 27 degrés, le soleil est déjà piquant et un voile gris ternit quelque peu le bleu de ce ciel estival. Le temps est à l'orage, apparemment comme l'humeur de cette automobiliste derrière nous.

Nous sommes arrêtés sur la chaussée, devant le panneau qui nous représente de manière peu flatteuse au moyen de la flèche qui est rouge et qui pointe vers le haut ; effectivement, il va faire chaud... Je m'amuse d'ailleurs un instant à singer ce que l'inspecteur m'avait montré : faire monter l'indicateur de la température au niveau de la sonde située sous le rétro droit en y mettant les doigts bien plaqués. Hé hé, ça marche ! Il m'en faut sans doute peu mais je suis content d'être heureux en constatant mon pouvoir sur l'électronique... J'en parle à l'élève ? Je lui fais le coup du magicien ? Bof... non...

La rue que nous voulons emprunter est encombrée à son autre extrémité par une voiture, laquelle est bien visible puisque nous sommes davantage en hauteur ; de plus, la route est droite. Elle vient de s'engouffrer dans ce passage rétréci artificiellement par des zébras équipés de balises blanches obligeant les usagers à ne pas passer ensemble. Précisons ici qu'il y a encore quelques semaines seulement, cette route était à double sens de circulation mais que deux véhicules, catégorie B, ne pouvaient à peine se croiser ; les rétros brisés et quelques rayures sur les carrosseries des véhicules stationnés des riverains attestaient de l'étroitesse prononcée de cette voie. Je m'étais déjà imaginé plusieurs fois les lettres envoyées à la mairie pour signaler ces problèmes sans doute répétés ou encore Jean-Claude (j'en ai connu un et il ne m'a pas laissé de bons souvenirs, du coup il me plaît de bêtement généraliser et de les prendre comme têtes de turc !) avec sa femme dans leur voiture s'apprêtant à emprunter cette voie du temps du double sens :

- Tu crois que ça passe Doudou ?!!!

- Mais ouais, t'inquiète, ça fait 25 ans que je conduis, j'ai jamais eu d'accident, je connais la route et le danger sur la route, c'est les autres ! Mouah ah ah ah...(rires très gras, ventre en partie découvert qui se balance au rythme des interjections que quelques postillons accompagnent).

- Oh, t'es trop fort mon JC (yeux clignotants, pétillants, il en faut peu à Madame JC pour être impressionnée).

Switchhhh, paf !

- Oh bah, Doudou, t'as cassé le rétro !

- Hé merde ! Mais c'est pas de ma faute, y peuvent pas se garer ailleurs, ces cons-là ! (l'usager est toujours de mauvaise foi ; normal, ça fait 25 ans qu'il conduit, pas d'accident, etc...)

- C'est l'autre en face aussi, y pouvait pas se serrer un peu, non !!! (l'usager est toujours de mauvaise foi ; normal ça fait 25 ans qu'il conduit, pas d'accident, etc...), lance-t-elle.

- Ah les mecs ! Tout seul celui-là encore, y pouvait pas attendre que je passe !!! Fonctionnaire !!! (oui, en général, les gens ignorants traitent de fonctionnaire celui qu'il juge en tord. Et la grille de salaire des fonctionnaires ?! et la mobilité territoriale des fonctionnaires ?! Y connaît le Jean-Claude ?!!!).

- Connard !!! lance-t-elle en se tournant vers la lunette arrière et pensant sincèrement que l'autre usager entendra.

- Y mériterait que je fasse demi-tour et que lui file un bourre-pif !!! balance-t-il en s'agitant sur son siège !

- Calme-toi Doudou, c'est pas bon pour ton coeur, le docteur t'a dit de faire attention.

- Mouais, bah toute façon, c'est pas grave, on n'est pas obligé d'avoir un rétro droit ! se rassure-t-il... et il a raison sur ce point.

Nous attendons donc pour descendre cette route et continuer l'aventure pédagogique. Pendant cette petite page de publicité avant la suite de l'action, nous échangeons, l'élève et moi, quelques propos quant à l'avenir professionnel de mon apprenti. Alors que nous conversons, nous voyons soudainement, derrière nous, deux véhicules nous dépasser pour manifestement s'engager sur cette route dont la silhouette a été affinée. Nous entrevoyons déjà l'inconfort à venir et commençons bassement à rire gras, comme Jean-Claude. Effectivement, ce qui était prévisible est avéré : deux véhicules sont maintenant face à face ; on prend les paris ! Nous perdons tous les deux car ce qu'il y a d'émouvant avec la bêtise, c'est qu'elle est comme l'univers : illimitée !

Nous assistons bouche bée au forçage de passage par un usager victime d'une impatience certaine, il s'avance, s'avance encore, passe à ras du véhicule qui était dans son droit, ça passe ? Mouais, ça a l'air ! Il pousse encore... Ah, là, ça va plus passer ! Ah bah si, ça passe ou ça casse apparemment, l'usager qui est une usagère d'ailleurs, poursuit son avancée en faisant pencher les balises en plastique, lesquelles se redressent d'un coup après inclinaison... c'est presque joli à voir... ça me rappelle le ski !

Et le deuxième véhicule ? Que va-t-il se passer pour lui ?!!! Roulement de tambour... peut-être va-t-il faire du deux roues ? Why not ?

Et bien il sera plus chanceux que le premier car en face l'usager victime de la bêtise semble un brin habité par l'humilité et s'est légèrement décalé sur sa droite sur une place de stationnement. Le croisement se fait sans heurt. Même pas un coup de klaxon...

On aimerait bien y aller maintenant, vérification rétros, angle mort, le clignotant est toujours en fonctionnement, allez hop, l'autre est passé, on y va.

L'élève me parle de cet épisode, je lui réponds ce que m'avait rétorqué mon père lorsque je lui narrai le comportement de certaines personnes de mon entourage : la bêtise, on ne peut bien souvent que la subir...

 

Au fait, j'avais moi aussi éclaté mon rétro contre un piquet en métal sur cette voie, bah oui, vous savez, je suis moniteur, je sais conduire quand même ! Comme quoi...

 

Publicité
Publicité
11 septembre 2012

Vas-y Flash Mc Queen !

août 2012,

 

Le moteur est en sur régime manifeste, il hurle son nombre de tours par minute en zone rouge, il émet même ce petit son aigu que les petits garçons se plaisent à imiter lorsqu'ils jouent aux grands avec leurs voitures de petits. La vitesse est excessive et fort inadaptée sur ce parking vide, commun à une école, heureusement déserte, et à une église. L'automobile penche tellement dans les virages de ce circuit en rond que son adhérence à la chaussée lui fait défaut ; elle crie et ça crisse à nos oreilles ! Nous roulons au pas, longeant le bord de cette large zone bitumée. Les places centrales nous séparent momentanément de la bombe de métal mais déjà les deux élèves et moi-même (oui, nous sommes trois ce jour-là) devinons, sans mérite car c'est évident, que l'obus ne s'arrêtera pas sur son chemin. Un coup d'oeil perspicace ainsi qu'un savant calcul de trajectoire dont je me fais le chantre, me permettent de conclure avec un indice de confiance très élevé que nos chemins sont liés et que le risque de collision est élevé. Certes, le conducteur de cette vieille automobile... non, que dis-je, on ne peut pas appeler cela conduire, il me fait davantage penser à ces gens qui ont des tocs ! D'ailleurs, petite parenthèse culturelle, il y a peu, j'ai vu un reportage à la télé où un jeune adulte adressait des baffes à sa mère lorsqu'elle était au volant mais on nous expliquait que c'était pas méchant. Ca partait d'un seul coup et le pauvre bougre, victime d'être coupable, caressait ensuite tendrement et avec sincérité je crois, la zone rougit sur le visage de sa pauvre maman laquelle semblait s'habituer à ce quotidien étrange. Le malade filmé ne semblait pas se contrôler ; impression que le journaliste confirmait par ses propos.

Certes, donc, le malade au volant pouvait, s'il le voulait nous éviter en passant à côté de nous. Mais le voulait-il ? Si oui, aurait-il le talent pour opérer son éviction ?

Le strident bruit des pneus qui glissent indiquent qu'il est déjà dans le virage duquel nous ne sommes pas loin, je le vois dans mon rétro, essayant de capter son regard pour tenter de deviner ses intentions ; talent dont je suis toutefois bien incapable mais tel est ce qu'on voit dans les films, alors, on ne sait jamais...

Fin stratège, ne quittant pas mon rétro des yeux, l'oeil vif, la truffe néanmoins humide, signe de bonne santé, tendu par un avenir proche que j'entrevois comme brutal, investi par le caractère héroïque d'un personnage que je joue, j'invite mon élève à stopper sa marche arrière en ligne droite afin de réduire le risque. Face à son silence, à celui de sa copine assise à l'arrière et à l'absence de secousse marquant l'arrêt de sa prestation rectiligne dans le sens inverse de la marche (à noter ici que nous les moniteurs, grands comiques pour certains, nous aimons le demander à l'élève ainsi, parfois), je le regarde interrogateur. Son attitude désabusée face à mon injonction m'invite à me questionner ; la conclusion s'impose : il l'avait déjà fait. « Bonne initiative, jeune apprenti ! » lui dis-je alors.

La vielle voiture marron se rapproche à grande vitesse, elle grossit dans le petit miroir. Le bruit d'un moteur auquel le supposé malade refuse d'alléger une surchauffe probable en passant la vitesse supérieure, va croissant. Quelques phrases peu élogieuses concernant les aptitudes cérébrales de cet étrange personnage sont balancées par les deux élèves inquiets. Leurs mots sont des torpilles mais le missile ne se désintègre pas. Attention, dans quelques brefs instants, nous saurons si nous serons les tristes inspirateurs de quelques lignes dans la presse régionale. Crissements de pneus à nouveau, disparition soudaine de la masse métallique dans mon rétro, vrombissement qui s'éloigne. Ouf, il est passé et continue son manège infernal pour finalement s'arrêter auprès d'une fillette assise sur un banc. Il ouvre sa porte, peut-être va-t-il dégueler ; vomir sa bêtise ? Nous ravalons notre peur en échangeant quelques phrases sur cet individu dont nous devinons une enfance malheureuse ou un lourd fardeau quotidien à porter auquel cette pauvre âme tente d'échapper en roulant vite.

J'invite mon élève à reprendre l'exercice de marche arrière. A peine a-t-il effectué quelques centimètres que « cheval fougueux » redémarre sa vieille machine, laquelle hurle déjà ; suivant son idée comme une mouche suit l'odeur nauséabonde des excréments. Nous nous arrêtons à nouveau, à ma demande cette fois. Il arrive vers nous, près de nous... sur nous ? Non, toujours pas. Il passe à côté mais nous regarde, cette fois-ci. On dit que les yeux sont le reflet de l'âme ; il doit y avoir plusieurs étages car dans son regard, aucune lumière, nous sommes dans le sous-sol d'un pauvre homme qui ne voit jamais le jour ! Regarde où tu vas plutôt que de nous toiser, abruti, si tu ne veux pas que nous jubilions en applaudissant Dame Sagesse !

La bêtise, on ne peut que la subir ou s'y soustraire ! Après avoir goûté à la première option, nous choisissons maintenant la deuxième. Nous prenons congé de cette dangereuse compagnie et nous sortons du parking. Alors que nous sommes dans la petite descente qui nous sépare de la route, la voiture marron se gare à nouveau près de la demoiselle. Apparemment, il n'aime pas les auto-écoles celui-là ! La raison de ses agissements est peut-être tout autre. Peu importe.

Avec les deux élèves, nous nous interrogeons alors : que disait-il à l'enfant qui avait l'âge d'être sa fille ? Et elle, qu'en pense-t-elle ? Quel triste exemple !

Allez, générique et musique de fin... mélancolique et au piano, ça s'y prête mieux...  

11 septembre 2012

Gentillesse n'est pas faiblesse...

Une matinée de 2011, ciel voilé,

 

 

   Il me semble que nous entretenons des rapports très belliqueux avec autrui sur la route car, bien souvent, nous estimons que l'usager fautif est volontairement coupable de son acte. Ainsi, nous nous sentons agressés par le manque de respect apparent envers nos libertés et nous réagissons de manière épidermique. L'autre bafoue ma liberté, empiète sur mon terrain, tant sur le plan juridique que sur l'espace géographique, je me sens agressé, je me défends et agresse à mon tour. Cette concaténation, j'ose le dire, l'écrire, n'est pas toujours représentative de l'acmé d'une puissante pensée mais appartient davantage au sophisme. Je ne condamne pas, je suis moi aussi coupable de pareils comportements. Je vais illustrer mon affirmation par la petite anecdote qui suit.

J'étais en leçon avec une femme de plus de cinquante ans. Elle était de sympathique compagnie ; toujours joyeuse, appliquée. Petit bémol à cette description élogieuse, elle parlait tout le temps et c'était très fatigant car, mexicaine, elle avait un fort accent. Ainsi, je m'étonnais lorsque, pour confirmer la direction que je lui indiquais, elle me demanda : « on va bien là-bas Elic, à côté du sichalem? ». « Sichalem ? », quésaco, m'interrogeais-je alors. Je compris assez longtemps après que cet étrange vocable désignait en fait un HLM ! Il était trop tard pour lui répondre, le sichalem était maintenant loin...

Nous nous trouvions dans une rue à sens unique ; dans le bon sens évidemment, ce qui n'était pas le cas d'un autre usager qui avançait vers nous. A ce moment-là de la lecture, chacun sent le problème à venir.

A cet instant de l'action de cette saynète, deux types de réaction sont possibles :

a/ L'épidermique

Mais qu'est-ce qu'il fait ce con ! Y voit pas qu'il est à contresens ?!!! Oh, Jean-Claude, tu recules ou je te pousse !

Notons ici que l'usager en colère tutoie toujours son congénère dont il ressent l'agression. Notons aussi la violence de la solution apportée. Bien évidemment, ces propos sont généralement accompagnés d'un acharnement sur l'avertisseur sonore (on le nomme ainsi quand on est moniteur) et sur la commande des appels lumineux (même remarque que citée dans la parenthèse précédente). Attention d'ailleurs car pour l'une de ses actions, le résultat escompté est obtenu en appuyant alors que pour l'autre, c'est en remontant. Faut pas se tromper en somme... Finalement, à bien y regarder, art et manifestation de la colère sont parfois liés. Notons l'aspect démesuré de cette volonté d'établissement d'un premier contact avec l'autre. Allez, avouons-le, nous l'avons tous fait, plus ou moins comme décrit... plutôt moins me direz-vous...bien évidemment...

 

b/ Jésus, Gandhi, feu mère Térésa, feu l'abée Pierre, et les autres.

Père, que fait cette brebis qui s'égare sur mon chemin ?! Il me semble qu'elle aurait besoin d'un berger ! Je vais m'arrêter, descendre et lui signifier sa maladresse due sans doute à une fatigue prononcée !

Bien sûr, nous pouvons percevoir une certaine ironie se dégager de ce personnage qui apparaît comme excessif dans son rapport en total empathie avec autrui. Cependant, pour ma part, je peux assurer que lorsque je commets une erreur, je vais largement préférer avoir affaire au grand philosophe qu'au fatigant épidermique ! Faut-il bien sûr qu'il y ait vraiment erreur et non une volonté de nuire ou un comportement égoïste ! Certes...

Nous étions donc face à cet individu, pare-chocs contre pare-chocs. Je le distinguais bien : la cinquantaine, cheveux un peu longs, poivre et sel , porteur de lunettes ; verres correcteurs apparemment inadaptés !

D'un mouvement de main de va-et-vient, je lui faisais signe de reculer et d'un autre mouvement de bras à l'image de certains essuie-glace de certaines Citroën, je lui signifiais rapidement « non ». Il s'agitait sur son siège, le regard semblait vouloir se raccrocher à une quelconque bouée pour le sortir de ce mauvais bain. A son tour, il m'invitait par des gestes à reculer. Immédiatement après cette invitation que je déclinais, mettant le point mort, le frein à main et détachant ma ceinture de sécurité d'un geste soudain, j'annonçais à mon élève que j'allais aller lui casser la gueule. J'avoue bien aimer jouer la comédie ; bien entendu, ma véritable intention était nettement moins vile. Maintenant à la hauteur de sa fenêtre, toujours investi par l'esprit sacré de la pédagogie, je lui exposais la situation sans pause dans mon argutie afin de garder l'avantage de la parole pour désarmer d'éventuelles invectives en le déculpabilisant avant qu'il ne le fasse lui-même avec mauvaise foi. J'insistais sur le fait que n'étant pas un autochtone si j'en croyais son immatriculation, il était normal que le puissant sorcier noir de la confusion ait choisi cette âme égarée pour la guider sur le chemin tortueux de la perdition. Je m'appuyais sur mon ressenti pour penser naïvement que cet homme était réellement en détresse, qu'aucune volonté égoïste et meurtrière ne l'avait guidé jusqu'ici. J'emploie volontairement le mot « naïf », lequel est, dans ce contexte-ci, nimbé de confiance en l'être humain. On m'accusera de ne pas être lucide mais je crois avoir remarqué que les gens qui se targuent de posséder cette qualité développent bien souvent un argumentaire négatif. « Sois toi-même acteur du changement que tu veux voir apparaître dans ton monde » disait Gandhi ; serais-je vraiment un pédagogue éclairé, un habile bâtisseur si j'obstruais les moindres ouvertures où la lumière puisse passer ? Qu'en penserait ce grand humaniste indien ? Vaut-il mieux modestement marcher dans ses pas ou se laisser intoxiquer l'esprit à l'instar de nos médias qui ne filtrent que le négatif ? L'enseignant, quelque soit la matière qu'il transmet, n'est-il pas une sorte de guide ? Vers quel genre d'individus se tourne-t-on volontiers, les « plutôt négatifs » ou les « plutôt positifs » ? Même question en remplaçant le mot « individus » par celui de « profs ». Cochez les bonnes réponses.

Il avait beau avoir une calvitie que je qualifierais de naissante si je me permettais l'emploi d'une litote, son regard était celui d'un enfant qui a peur des conséquences d'une grosse bêtise. « Alors, petit filou, les traces de confiture encore visibles sur tes commissures témoignent de ton méfait ! Allez, file !» Et il fallait qu'il file le bougre car, ne me tournant cependant pas sur ma droite pour voir la probable longue file de véhicules qui s'était créée, je pouvais très distinctement entendre le joli concert des usagers ; ça fusait comme un feu d'artifice ; oh la belle rouge !

Il était évident que le quinquagénaire était paniqué et que son agitation présageait l'accomplissement d'une action que l'on décrirait plus tard comme « regrettable ».

 

Acte I, scène II. Après la pluie, le beau temps !

   La météo était donc devenue orageuse, les esprits s'échauffaient et chat échaudé craint l'eau chaude ; étant persuadé de l'absence de mansuétude de mes congénères dans ce genre de situation, il me fallait refroidir le sang chaud avant qu'il ne devienne bouillant. Je le laissais me faire une première proposition. Je la soumettais à ma raison et concluais finalement par un « non » péremptoire, que j'accompagnais cependant d'une autre proposition : plutôt que de reculer toute la rue pour s'insérer ensuite en marche arrière dans une circulation dense, je proposais à mon tour un demi-tour entre les deux extrémités de la chaussée. Il se pliait alors à cet avis et entamait immédiatement sa manoeuvre. Je pensais alors que le problème serait réglé dans quelques instants : la route n'était pas étroite et en plus, l'aplatissement du trottoir devant la maison adjacente rendait l'entreprise plus facile. Mais c'était sans compter sur la présence du démon de la tectonic dans ce corps qui semblait incontrôlable. Je décidais donc de le guider oralement en lui signifiant notamment les distances disponibles pour accomplir sa tâche... mais aussi le bon sens de rotation du volant car l'effet escompté n'était pas atteint. Se sentant peut-être infantilisé tel l'élève face au maître (oui, j'ose !), il me fit part de son abandon en me proposant de prendre place dans sa petite voiture pour opérer. Quelle marque de confiance à mon égard ! Quel manque d'assurance envers lui ! Son humeur était noire, c'était le grondement du début de la cinquième de Beethoven, un tableau de Dali, une berceuse chantée en allemand... Je m'exécutais et, après quelques manipulations, rendais, dans le bon sens cette fois, le véhicule à son propriétaire. Il me remerciait mille fois, s'excusait le double et implorait par une infinité de phrases ma compréhension. Je répondais positivement à ses sollicitations car, je maintiendrais toujours, même seul contre tous, que ce jour-là, cet homme s'était réellement trompé de route et il faut dire que j'en vois des individus qui se trompent de chemin, qui condamnent la qualité de la conduite de l'élève, oubliant simplement ce que le mot « élève » signifie...

11 septembre 2012

Restons zen...

Je crois que le but de toutes le grandes traditions religieuses n'est pas de construire de grands temples à l'extérieur mais de créer des temples de bonté et de compassion à l'intérieur, dans nos coeurs. Le Dalaï Lama

Tu as des problèmes avec l'alcool ?

Non.

Tu fumes des substances à faire rougir tes parents ?

Non, répond l'élève d'un ton amusé.

Tu sniffes ?

Non plus, lance-t-elle en rigolant.

C'est pas vrai... répondis-je l'accent grave, tu te piques ?

Toujours pas.

Allez, avoue, tu fais partie des alcooliques anonymes et tu es gênée de me le dire ?

Non plus.

Il est vrai que je ne t'ai pas vue jeudi soir au groupe de travail.

C'est vrai mais en fait, j'y vais le mercredi ! S'esclaffe-t-elle !

Ah ! C'est pour ça !!!

Tu n'as donc aucune raison recevable pour ne pas rouler droit jeune apprentie. Je t'invite donc à positionner ton regard au loin, sans fixer. On parle de balayage du regard, on dit chez les maîtres dont j'ai reçu le précieux enseignement que ce sont les yeux qui dirigent et...

Attachant soudainement mon attention à nous éviter une mort certaine, je stoppe le débat et tire violemment la voiture sur l'accotement pour laisser le 4x4 gris qui nous double, se rabattre juste avant que le véhicule d'en face le percute de front. Les appels de phares de ce dernier accompagné d'une rafale de coups de klaxon témoignent du mécontentement certain du conducteur qui s'est très probablement senti violé sur sa voie et exposé à une sérieuse menace. C'est bizarre, peut-être, mais ça ne me fait plus rien ou presque. Aimant l'art, j'y voyais quasiment un spectacle de son et lumière dont la beauté et le caractère primesautier auraient sans doute charmé mes sens si des vies n'étaient pas menacées. Mortel le spectacle !

Mais il est con celui-là ! Y double dans un virage ! Faut vraiment être con ! Putain, il m'a foutu la trouille ! dit-elle en colère.

Oui, il y en a beaucoup des comme ça. Tu verras conduire apprend la compassion... ou c'est l'ulcère à trente ans !

Putain, si on le rattrape au rond-point, je descends et je le tape, ma parole !

Ce serait peine perdue, ces gens-là n'ont pas de cerveau ou plutôt, ils en ont un mais ne s'en servent pas !

Mais vous, ça vous fait rien ?!!!

Non, enfin presque rien, je me dis que pour agir ainsi, il faut être mal dans sa tête et moi, j'ai de la chance, je m'en fous parce que je suis joyeux. Pas toi ?

Si mais bon...

Bon, bah t'en verras d'autres, ce ne sera hélas pas le dernier, il y en a plein. Bienvenue dans le monde de la voiture, celui où tout est éphémère et où tout est possible !

Je ne sais pas comment vous faîtes pour rester zen !

Moi non plus. L'expérience sans doute...

11 septembre 2012

Introduction, philosophons un peu, ça nous changera...

La vérité sort de la bouche des enfants.

 

   Des cris d'enfants tourbillonnent dans l'air encore étouffant du mois de septembre. Le trottoir sur lequel je marche borde une cour d'école. Plusieurs groupes se sont formés dans cet espace de jeu et l'un d'eux est à proximité de moi. Je les regarde et, en jetant un oeil distrait sur ces petits bouts d'homme, je pense à Proust, à sa madeleine, aux réminiscences du passé que ce petit gâteau lui permettait de revivre. Je me dis qu'il en est de même pour moi avec ces enfants. Quelques souvenirs me reviennent à l'esprit. Badaud de mon passé, je revisite une galerie de tableaux d'une époque surannée : des visages apparaissent par bribes, l'odeur des documents bleus fraichement imprimés, la course avec Jérôme où, grâce à mes nouvelles baskets, j'avais gagné. C'est aussi le goût des bonbons acidulés que l'on mangeait à l'abri des parents, l'excès étant alors possible ; ils ne savent pas ce qui est bon, les parents ! « C'est nul d'être grand ! » pensions-nous benoîtement.

Sans cesser de marcher, mon attention est attirée par un petit gars équipé d'une panoplie faite de livres scolaires ; bras et jambes sont recouverts par les bouquins ouverts en deux, formant ainsi des sortes de triangles sur ses membres. Les ouvrages ont manifestement changé de vocation... Si j'en crois ses propos, va falloir faire gaffe : ils est le plus fort, les autres doivent faire « qu'est-ce qu'il dit » sinon, il va les détruire ! Oups !!!

Bien entendu, il s'agit d'un jeu, chacun sait que le jeune tyran n'ira pas jusqu'au bout de son programme... c'est un peu comme en politique... C'est même plutôt lui qui va se faire sévèrement mater si l'un des enseignants le voit accoutré de cette sorte. Néanmoins, malgré cette volonté de domination, je suis charmé par ce petit bonhomme. Je me suis maintenant arrêté pour le regarder. Quelques piétons passent à côté de moi, derrière moi, le bruit de la ville en mouvement. Je me dis que dans une dizaine d'années, lui aussi va prendre le volant et je me demande alors : quel comportement adoptera-t-il sur la route si, comme avec sa panoplie, il a cette pernicieuse impression de puissance ?

C'est parce que je suis confronté à la réponse chaque jour que j'ai choisi de voir celui qui conduit sous l'angle, souvent, de l'inconscience de ces actes ; c'est-à-dire nombre d'individus, dont je fais parfois partie, comme un enfant, un adulte qui n'aurait pas grandi... et, de ce regard peut même naître une certaine tendresse car comment pourrais-je en vouloir à une personne dépourvue de conscience d'être inconsciente ? Est-elle coupable de mal agir si elle n'est pas équipée pour faire différemment ? A-t-elle eu la chance que j'ai eu, de rencontrer les bonnes personnes ? Celles, rares, qui savent vous montrer toute la bonté du genre humain, celles qui ne s'énervent jamais face à la bêtise, non pas qu'elles soient aveugles mais parce que leur girouette intérieure n'indique que la beauté. Il est toujours facile de juger l'autre avec ses propres convictions, ses vertus, ses valeurs mais « il n'y a pas qu'une vérité, tout dépend du point de vue duquel on se place »affirmait Gandhi. Serais-je alors un bon moniteur auto école si, agacé comme il m'arrive parfois de l'être, je condamnais l'autre quand il commet une infraction au code de la route ? Quand son comportement révèle davantage une souffrance qu'il exprime dangereusement plutôt qu'une volonté de destruction ; à l'instar de ce petit bout d'homme dans cette cour d'école qui serait certainement horrifié à l'idée de véritablement « détruire » ses compagnons de jeu. Certes, on va me trouver mielleux, démagogue, débonnaire peut-être. « Qui enfonce les portes ouvertes n'a pas à redouter qu'on lui casse les vitres ! »

« Tout homme est un livre où Dieu lui-même écrit. Chaque fois qu'entre mes mains l'un de ces livres tombe, j'y lis » déclarait Victor Hugo dans un recueil de poésies. J'ai beaucoup de chance ; certes parce que je lis Victor Hugo, mais surtout parce que j'aime la lecture et que dans mon métier, je change de livre à chaque heure, que j'en retrouve certains, en remise d'autres dans les cartons empilés de ma mémoire. Tout les styles me sont présentés : romans, mal écrits quelques fois, histoires tendres, fictions, burlesques.

Je vous propose de lire ces chroniques pour, je l'espère,  juger que ce métier très peu reconnu n'est pas dénué d'intérêt. Il me semble que le plus beau métier du monde, c'est tout simplement celui qu'on a choisi...et je l'ai choisi (si si, il y en a qui veulent exercer ce métier !!! Non mais je vais bien, je vous assure... ) Apprendre à conduire n'est pas chose facile et lorsqu'un jeune individu vous remet sa confiance, vous devez l'honorer. Et puis, au travers de mes témoignages, vous verrez aussi comment vous conduisez ; c'est-à-dire comme moi, pas terrible. Pourtant, on est tous persuadés « qu'on sait ce qu'on fait » et, j'allais l'oublier que « le problème sur la route, c'est les autres ». Mais l'autre pour un autre, n'est-il pas soi-même ? Avouons-le, pour une fois avec bonne foi, nous sommes pour beaucoup d'entre nous ce jeune tyran qui rêve de détruire ceux qui le gênent... sur la route bien entendu !

Afin que ce blog ait une vraie valeur de témoignages, j'ai relaté les faits comme ils se sont produits, les propos des élèves ou autres acteurs sont précisément ceux qu'ils m'ont tenu ; je les avais consignés dans un petit carnet, en les informant au passage qu'ils seraient publiés. Rires, évidemment...

11 septembre 2012

Tais-toi et double !

 

mois de juin 2012,

 

 

C'est la fin de l'heure, nous stoppons notre voiture école face à l'agence, parallèlement à d'autres stationnées sur notre gauche. Les usagers sont loin derrière, ça « devrait le faire ! », comme disent les jeunes. L'élève commence sa manoeuvre ; plus exactement, il débute sa réflexion sur la démarche à adopter pour faire en sorte que cette petite Peugeot d'une tonne et demie presque, se retrouve à côté et bien rangée. La tête bouge dans tous les sens, le buste accompagne, le regard semble refléter un processus cognitif intense. Mais comment faire ? Sans la porter, sans faire appel à un ami, sans avoir peur d'être filmé par un individu bienveillant qui traînerait dans le coin et qui projetterait déjà de faire partager ce beau moment de solitude avec une cohorte d'individus railleurs ? Traîne pas trop mon gars, pensai-je alors car le feu en aval a libéré de son vert tant attendu, la meute qui vrombit de plus en plus fort. Certes, le clignotant est mis et, tant que la voiture ne bouge pas, je veille à garder les feux stops allumés afin que les automobilistes se décalent sur la voie de droite pour se dégager avec compassion, compréhension, sourires bienveillants ; charmés par cette situation d'apprentissage, réminiscence d'un passé hélas souvent trop lointain...

Un « vieux » (c'est ainsi que le jeune désigne une personne de cinquante ans) arrive derrière et s'arrête. Ne nous fâchons pas, pas de mandales à distribuer dans ce cas, il ne peut effectuer son changement de voie étant donné l'important trafic. Nous attendons, il attend. Je profite de cet instant d'immobilité pour me livrer à une étude sociologique ayant pour titre : « Comment réagit un usager lorsqu'une voiture lui bloque la route ? » Il ne semble pas s'énerver comme c'est souvent le cas. L'expression de son visage n'inspire rien, ni la colère, ni l'agacement mesuré de l'usager qui comprend mais qui s'agace quand même ! « faut pas déconner quand même ! Merde ! »  « Ils pourrait avoir leurs pistes à eux ! » Comme on me l'a déjà dit... déjà aboyé.

Décidément, il ne bouge pas... pourtant ce serait bien maintenant ! Plus aucun véhicule ne passe. Je revérifie dans le rétro ; peut-être a-t-il eu un malaise ? Peut-être le caractère inexpressif de son visage témoigne-t-il de la présence de la grande faucheuse dans ce corps désormais inanimé ?!!! Manifestement non, les yeux sont comme la voiture, ils clignotent... en rythme ? Non, dommage ; ne faire qu'un avec son véhicule, c'est aussi ce qu'on enseigne...

Donc, résumons la situation du point de vue du badaud : deux voitures sont arrêtées sur la voie de gauche, l'une, la plus en avant clignote avec les feux stop et les feux de recul allumés et l'autre est collée derrière. Les occupants semblent attendre. Il fait beau, le soleil rayonne et au loin quelques nuages augure la fraîcheur d'une pluie à venir. Sur notre côté droit se trouve l'agence. A travers la baie vitrée de celle-ci, la secrétaire me regarde, je la regarde, nous nous regardons. L'élève, comme souvent il le fait, parle en des propos peu élogieux au « vieux » derrière nous ; dialogue finalement unilatéral où les champs lexicaux de la colère mais aussi de l'étonnement sont perceptibles.

Bon, va falloir que je connaisse le dessein de cet individu qui tourne la tête quand je le regarde dans mon rétro. Peut-être sa marche arrière est-elle en panne ? Peut-être son véhicule n'en est-il pas équipé ? Peut-être ne sait-il pas quoi faire ? Peut-être a-t-il peur de reculer car paralysé du cou ? Ah non, cette dernière hypothèse est impossible. Non pas qu'on ne puisse pas trouver une personne au cou de marbre mais davantage parce que, en général, l'usager qui recule, feignant ou ignorant, ne tourne que très rarement la tête pour rouler dans le sens inverse de la marche, bien persuadé que seul le rétro suffit. C'est un petit peu comme ces gens, l'hiver, qui ne déneigent que quelques centimètres carré sur le pare-brise, de préférence face aux yeux et qui sont persuadés que « le danger sur la route, c'est les autres ! »

Après un dernier examen de la situation, je décide finalement d'aller m'entretenir avec ce mystérieux « vieux ». Je suis maintenant à la hauteur de sa fenêtre, posté sur la route et entendant à nouveau la meute encore lointaine libérée par l'automate aux ampoules de couleur... pas les mêmes usager j'espère, sinon, c'est qu'ils tournent en rond ! Je fais signe d'un mouvement circulaire de l'avant bras au quinquagénaire de baisser sa vitre afin que nous ayons un échange. Il m'ignore toujours. Je pensais manquer de charisme mais à ce point, il va finir par me fâcher celui-là ! Je frappe donc courtoisement à sa vitre afin de lui signifier ma présence, laquelle l'étonnera peut-être. Louange à toi Seigneur, il baisse sa vitre !

- Bonjour (faut toujours commencer comme ça, ça fera un reproche en moins), vous n'avez pas vu qu'on voulait se garer là (je lui montre la place convoitée pour illustrer mon discours lequel pourrait s'avérer peut-être abscons), on a les clignotants et les feux de recul ! (je rends ainsi légitime mon intention).

Il semble un peu étonné et me répond ainsi tout en entamant un début de marche arrière (attention, vaut mieux pas mon gars, t'as du monde derrière) :

- Nan mais vous pouvez pas vous garez ailleurs, y a pas d'autres endroits pour apprendre, non !!!

- Bah, dans la mesure où nous rentrons à l'agence parce que l'heure est finie, ça me paraissait pas mal de me garer là !

A peine ma phrase finie, pardon, avant d'avoir terminé ma phrase, il entame un discours avec moi... ou sa voiture je ne sais pas, dans un dialecte que je ne connais pas : des syllabes, des sons indistincts se succèdent rendant le propos totalement obscur.Je finis tout de même par le remercier mais j'avoue prendre plaisir à le faire avec une hypocrisie fortement identifiable. Je remonte en voiture en ayant bien pris soin d'éviter les obus qui passent à quelques centimètres de mon anatomie. Dans mon rétro, je le vois virer à tribord avec vigueur et bruit. Son véhicule est maintenant devant, il s'éloigne à l'horizon signant sa trajectoire d'une fumée noirâtre, à l'image de l'humeur de ce personnage qui racontera très certainement à son épouse ou à ses potes du bistrot, qu'il s'est fait emmerder par une auto école...

 

Publicité
Publicité
Mais apprenez-leur à bien conduire !!! (parole d'usager...)
  • ...mais au-delà du titre, moniteur auto-école, c'est aussi sentir de trop près un poids lourd, recevoir la promesse de l'ultime combat, juger que, finalement on supporte plutôt bien la comparaison. C'est aussi rencontrer pour souvent s'émerveiller...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 652
Publicité